Si je l’avais connu anciennement, il m’aurait gardé d’une confiance sans limites dans mon épouse, la débauchée que j’ai tuée de ma main, et dans les eunuques noirs, ces perfides qui ont aidé à la trahison !… Mais n’aurais-tu pas à me raconter quelque histoire sur l’amitié fidèle ? »
Et Schahrazade dit :
CONTE DU CORBEAU ET DE LA CIVETTE
Il m’est parvenu qu’un corbeau et une civette
s’étaient pris d’une solide amitié l’un pour l’autre
et passaient leurs heures de loisir en ébats et en
jeux divers. Or, un jour qu’ils causaient de choses
certainement intéressantes, car ils ne prêtaient
guère attention à ce qui se passait autour d’eux,
ils furent soudain rappelés à la réalité par le cri
effroyable du tigre, qui retentit dans la forêt.
Aussitôt le corbeau qui était en bas, perché sur le tronc de l’arbre à côté de son amie, se hâta de gagner les hautes branches ; quant à la civette, effarée, elle savait d’autant moins où se cacher, qu’elle n’était guère certaine de l’endroit d’où était parti le miaulement de la bête de proie. Dans cette perplexité elle dit au corbeau : « Mon ami, que faire ? Dis-moi, as-tu quelque moyen à m’indiquer ou quelque secours efficace à me donner ? » Le corbeau répondit : « Mais que ne ferais-je pas