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histoire des animaux… (la souris…)
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l’écosses ! » Et la femme le prit et se mit aussitôt à l’œuvre et, au bout de la journée, elle l’avait nettoyé et décortiqué. Et c’était plaisir de voir ce sésame blanc, écossé, suggestif ! Aussi une belette qui rôdait par là ne manqua pas d’être tentée considérablement et, la nuit venue, elle se mit en devoir de le transporter du plateau où il était à sa cachette. Et elle fit si bien qu’au matin il ne restait plus sur le plateau qu’une quantité infime de sésame.

Aussi la belette put juger, cachée dans son trou, de la surprise et de la colère de la décortiqueuse à l’aspect de ce plateau presque nettoyé de son contenu. Et elle l’entendit qui s’écriait : « Ah ! si je pouvais voir le voleur ! Ce ne peut être encore que ces maudites souris qui infestent ma maison, depuis la mort du chat ! Si j’en voyais une seulement, je lui ferais expier les méfaits de toutes ses semblables ! »

Lorsque la belette eut entendu ces paroles, elle se dit : « Il me faut absolument, pour me mettre complètement à l’abri du ressentiment de cette femme, la confirmer dans ses soupçons en ce qui concerne la souris. Sinon elle pourrait fort bien s’en prendre à moi et me casser le dos ! » Et aussitôt elle alla trouver la souris et lui dit : « Ô ma sœur, tout voisin se doit à son voisin ! Et il n’y a rien de plus repoussant qu’un voisin égoïste qui n’a aucune attention pour ceux qui habitent à côté de lui et qui, dans les occasions de joie, ne leur envoie rien des plats exquis que les femmes de la maison lui ont cuisinés, ni des douceurs et des pâtisseries préparées aux grandes fêtes ! » Et la souris répondit :