« Sème généreusement les grains de ta bonté, même sur les terrains qui te semblent stériles. Tôt ou tard le semeur récoltera les fruits de son grain multiplié au-delà de ses espérances. »
Mais le renard lui dit en ricanant : « Ô le plus insensé de tous les loups et de toutes les bêtes sauvages, oublies-tu donc toute l’horreur de ta conduite ? Et pourquoi ne connais-tu point ce conseil si sage du poète :
« N’opprimez point, car toute oppression appelle la vengeance, et toute injustice le contre-coup.
Car, si vous vous endormez une fois votre acte commis, l’opprimé ne dort que d’un œil, cependant que son autre œil vous guette sans cesse ; et l’œil d’Allah ne se ferme jamais !
« Or, tu m’as opprimé assez longtemps pour que maintenant à bon droit je me réjouisse de tes malheurs et me délecte de ton humiliation ! » Alors le loup dit : « Ô renard sage aux idées fertiles, à l’esprit inventif, tu es au-dessus de ces paroles, et sûrement tu ne les penses pas ; mais tu les dis seulement pour plaisanter. Or, en vérité, ce n’est point le moment ! Prends, je t’en prie, une corde quelconque et tâche d’en attacher un bout à un arbre pour me tendre l’autre bout ; et moi je grimperai par ce moyen et sortirai de ce fossé ! » Mais le renard se mit à rire et lui dit : « Tout doux, ô loup, tout doux ! Ton âme sortira d’abord la première, et ton corps le second ! Et les pierres et les cailloux dont on va te lapider