Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histroire des animaux et des oiseaux
223


CONTE DU LOUP ET DU RENARD


Sache, ô Roi fortuné, que le renard, fatigué, à la fin, des colères continues de son seigneur le loup, et de sa férocité à tout propos, et de ses empiétements sur les derniers droits qui lui restaient à lui renard, s’assit un jour sur un tronc d’arbre et se mit à réfléchir. Puis il bondit soudain, plein de joie, à une pensée qui lui passa et lui parut être la solution. Et il se mit aussitôt à la recherche du loup qu’il finit par rencontrer, et qu’il trouva les poils hérissés, la face contractée et de fort méchante humeur. Alors du plus loin qu’il l’eut aperçu, il embrassa la terre et arriva devant lui humblement, les yeux baissés, et attendit qu’on l’interrogeât. Et le loup lui cria : « Qu’as-tu, fils de chien ? » Le renard dit : « Seigneur, excuse ma hardiesse, mais j’ai une idée à t’exposer et une prière à te faire, si tu veux bien m’accorder une audience ! » Et le loup lui cria : « Sois peu prolixe en paroles, puis tourne le dos au plus vite, ou sinon je te casse les os ! » Alors le renard dit : « J’ai remarqué, seigneur, que depuis un certain temps Ibn-Adam nous faisait une guerre sans relâche ; par toute la forêt on ne voit plus que trappes, embûches, pièges de toutes sortes ! Un peu plus de ce train-là et la forêt nous deviendrait inhabitable. Aussi que dirais-tu d’une alliance entre tous les