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les mille nuits et une nuit

Mais le vieillard s’écria, bien que sa barbe tremblât de tous ses poils : « Recule, ô démon ! ou je vais te chasser avec ce bâton noueux ! »

Alors l’adolescente du ciel, d’un geste éperdu, lui jeta les bras autour du cou, et dans l’oreille lui murmura : « Je suis un fruit acide, doux à peine : mange-le et tu guériras ! Connais-tu l’odeur du jasmin ? … Elle te serait odeur grossière, si tu sentais ma virginité ! »

Mais le vieillard s’écria : « Le parfum de la prière est le seul qui ne s’en aille pas ! Hors d’ici, ô séductrice ! » Et il la repoussa de ses deux bras !

Alors la jeune fille se leva et, légère, se dévêtit entièrement et se tint droite et nue, blanche et baignée dans les flots de ses cheveux ! Et l’appel de son silence, dans cette solitude de grotte, était plus terrible que tous les cris du délire. Et le vieillard ne put s’empêcher de gémir et, pour ne plus voir ce lys vivant, il se couvrit la tête de son manteau et s’écria : « Va-t’en ! Va-t’en ! ô femme aux yeux de trahison ! Depuis la naissance du monde tu es la cause de nos calamités ! Tu as perdu les hommes des premiers âges, et tu jettes la discorde entre les enfants de la terre ! Celui qui te cultive renonce pour toujours aux joies infinies que seuls pourront goûter ceux qui te rejettent de leur vie ! » Et le vieillard enfonça davantage sa tête dans les plis du manteau.

Mais l’adolescente reprit : « Que parles-tu des anciens ? Les plus sages d’entre eux m’ont adorée, et les plus sévères m’ont chantée ! Et ma beauté ne les a point fait dévier de la voie droite, mais les a éclairés dans le chemin et a fait les délices de leur vie. La