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histroire des animaux et des oiseaux (l’oie)
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dans tous les sens, et en quelques instants il construisit une caisse solidement charpentée, à laquelle il ne laissa qu’une étroite ouverture ; et il cloua à l’intérieur de grands clous dont la pointe était tournée vers le dedans et d’avant en arrière ; et il ménagea par-ci par-là quelques trous pas bien grands ; et, cela fait, il invita respectueusement le lion à prendre possession de son bien. Mais le lion hésita d’abord et dit à l’homme : « En vérité cela me parait bien étroit, et je ne vois point comment je puis y pénétrer ! » L’homme dit : « Baisse-toi et entre en rampant ; car une fois là-dedans, tu t’y trouveras fort à l’aise ! » Alors le lion se baissa, et son corps souple glissa à l’intérieur ne laissant au dehors que la queue. Mais le menuisier se hâta d’entortiller cette queue et de la fourrer vivement avec le reste et, en un clin d’œil, il boucha l’ouverture et la cloua solidement !

« Alors le lion essaya d’abord de bouger et de reculer, mais les pointes acérées des clous lui pénétrèrent dans la peau et l’embrochèrent de tous côtés ; et il se mit à rugir de douleur ; et il cria : « Ô menuisier, qu’est-ce donc que cette maison étroite que tu as construite et ces pointes qui me pénètrent cruellement ? »

« À ces paroles, l’homme jeta un cri de triomphe et se mit à sauter et à ricaner et dit au lion : « Ce sont là les pointes d’Ibn-Adam ! Ô chien du désert, tu apprendras à tes dépens que moi, Ibn-Adam, malgré ma laideur, ma lâcheté et ma faiblesse, je puis triompher du courage, de la force et de la beauté ! »

« Et, ayant dit ces paroles effroyables, le misérable alluma une torche, amassa des fagots autour de la