moi je suis un opprimé qui viens te demander aide et protection dans les malheurs qui me poursuivent de la part de mon ennemi ! » Et il se mit à pleurer, à gémir et à soupirer.
« Alors le jeune lion, fort touché de ses larmes et de son aspect malheureux, adoucit sa voix et lui demanda : « Qui donc t’a opprimé ? Et qui donc es-tu, ô toi le plus éloquent de tous les animaux que je connaisse, et le plus poli, bien que tu sois de beaucoup le plus laid d’entre eux tous ? » L’autre répondit : « Ô seigneur des animaux, pour ce qui est de mon espèce, j’appartiens à l’espèce des menuisiers ; mais pour ce qui est de mon oppresseur, c’est Ibn-Adam ! Ah ! seigneur lion, qu’Allah te préserve des perfidies d’Ibn-Adam ! Tous les jours, dès l’aube, il me fait travailler pour son bien-être ; et jamais il ne me paie ; aussi, crevant de faim, j’ai renoncé à travailler pour son compte, et j’ai pris la fuite loin des villes où il habite ! »
« À ces paroles, le jeune lion entra dans une fureur considérable ; il rugit, il bondit, il souffla et il écuma ; et ses yeux lancèrent des étincelles ; et il s’écria : « Mais où est-il enfin cet Ibn-Adam calamiteux, que je le broie entre mes dents et que je venge toutes ses victimes ? » L’homme répondit : « Tu vas le voir poindre tout à l’heure ; car il est à ma poursuite, furieux de n’avoir plus personne qui lui charpente ses maisons ! » Le lion lui demanda : « Mais toi-même, animal menuisier, qui marches d’un pas si petit et si mal assuré sur tes deux pattes, de quel côté te diriges-tu ? » L’homme répondit : « Je vais directement trouver le vizir du roi ton père,