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histroire des animaux et des oiseaux (l’oie)
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ger ; et à cet anneau était fixée une corde qu’lbn-Adam confiait au plus petit des enfants, lequel pouvait ainsi, monté sur un tout petit âne, me conduire à sa guise, moi et toute une bande d’autres chameaux à la file les uns des autres ! Regarde mon dos ! il est encore bossué de tous les fardeaux dont depuis des siècles on ne cesse de le charger ! Regarde mes jambes ! Elles sont calleuses et fourbues des longues courses et des voyages forcés à travers les sables et les pierres ! Mais ce n’est pas tout ! Sache que lorsque je me fais vieux, après tant de nuits sans sommeil et tant de jours sans repos, loin d’avoir des égards pour ma vieillesse et ma patience, il sait encore tirer parti de ma vieille peau et de mes vieux os, en me vendant au boucher qui vend ma chair aux pauvres et mon cuir aux tanneurs et mon poil aux fileurs et aux tisserands ! Et voilà le traitement régulier que me fait subir Ibn-Adam ! »

« À ces paroles du chameau, le jeune lion fut pris d’une indignation sans bornes ; et il rugit et agita ses mâchoires et frappa le sol de ses pattes ; puis il dit au chameau : « Hâte-toi de me dire où tu as laissé Ibn-Adam ! » Et le chameau dit : « Il est à ma recherche et ne va pas tarder à apparaître. Aussi, de grâce, ô fils du sultan, laisse-moi émigrer et m’enfuir vers d’autres pays que mon pays natal ! Car ni les solitudes du désert ni les terres les plus inconnues ne sauraient assez me cacher à ses investigations ! » Alors le lion lui dit : « Ô chameau, crois-moi ! attends encore un peu et tu verras comment je vais assaillir Ibn-Adam et le jeter à terre et lui broyer les os et boire son sang et faire nourriture de sa chair ! » Mais