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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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siblement un miroir et un mouchoir rouge. Mais bientôt, sans dire une seule parole, elle releva ses manches, découvrant ses bras jusqu’aux épaules ; puis elle ouvrit la main et, étendant ses cinq doigts, elle se toucha les seins ; puis elle tendit le bras hors de la fenêtre en tenant le miroir et le mouchoir rouge ; et par trois fois elle agita le mouchoir en l’élevant et en l’abaissant ; puis elle fit le geste de tordre le mouchoir et de le plier ; ensuite elle pencha la tête vers moi longuement et, rentrant vivement, elle referma la fenêtre et disparut. Tout cela ! et sans prononcer un seul mot. Au contraire ! Elle me laissa ainsi dans une perplexité inimaginable ; et je ne sus si je devais rester ou m’en aller ; et, dans le doute, je restai ainsi à regarder la fenêtre durant des heures, jusqu’à minuit. Alors, malade de mes pensées, je regagnai la maison, où je trouvai ma pauvre cousine dans l’attente, les yeux rouges de larmes versées et le visage empreint de tristesse et de résignation. Alors moi, à bout de forces, je me laissai tomber à terre dans un état pitoyable. Et ma cousine, qui s’était hâtée de courir à moi, me reçut dans ses bras, et m’embrassa sur les yeux et me les essuya du coin de sa manche et me donna à boire, pour calmer mes esprits, un verre de sirop légèrement parfumé à l’eau de fleurs ; et elle finit par doucement m’interroger sur tout ce retard et sur ma mine affligée.

Alors moi, bien que brisé de triste lassitude, je la mis au courant de tout, en lui répétant les gestes de la délicieuse inconnue. Et ma cousine Aziza me dit : « Ô Aziz de mon cœur, la signification qui