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les mille nuits et une nuit

mit à braire longuement et fit suivre cela de trois cents magnifiques pets, en ruant. Puis il se roula sur l’herbe pendant un bon moment et se releva et, voyant une poussière vers le loin, il tendit une oreille, puis l’autre oreille, regarda fixement et, nous tournant le dos vivement, il déguerpit et disparut.

« Or, la poussière s’étant dissipée, apparut un cheval noir, au front étoilé d’une tache blanche comme une drachme d’argent, beau, proportionné, fier, luisant, et les pieds entourés, à l’endroit qui sied, d’une couronne de poils blancs ; et il arrivait vers nous en hennissant d’une voix fort agréable. Et lorsqu’il vit mon ami le jeune lion, il s’arrêta en son honneur et voulut se retirer par discrétion. Mais le lion, extrêmement charmé de son élégance et séduit par son aspect, lui dit : « Qui donc es-tu, ô bel animal ? Et pourquoi cours-tu de la sorte dans cette immense solitude, et as-tu l’air si inquiet ? » Il répondit : « Ô roi des animaux, je suis un cheval d’entre les chevaux ! Et je suis en fuite pour éviter l’approche d’Ibn-Adam ! »

« À ces paroles, le lion fut à la limite de l’étonnement et dit au cheval : « Ne parle donc pas ainsi, ô cheval, car c’est vraiment honteux pour toi d’avoir peur d’Ibn-Adam, fort comme tu es et doué de cette carrure et de cette taille, et alors que tu peux d’un seul coup de pied le faire passer de vie à trépas ! Regarde-moi ! je ne suis pas si grand que toi, et pourtant j’ai promis à cette gentille oie qui tremble, de la débarrasser à jamais de ses terreurs en attaquant et tuant Ibn-Adam et en le mangeant entièrement.