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histroire des animaux et des oiseaux (l’oie)
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eu l’occasion de faire la rencontre de cet Ibn-Adam-là ! »

« À ces paroles du jeune lion, mon effroi ne fit qu’augmenter et je m’écriai : « Il n’y a plus à hésiter sur le parti à prendre ! C’est le moment de nous débarrasser de ce fléau, et c’est à toi seul, ô fils du sultan des animaux, que doit revenir la gloire de tuer Ibn-Adam ! Et, ce faisant, ta renommée haussera aux yeux de toutes les créatures du ciel, de l’eau et de la terre ! » Et je continuai à encourager de la sorte et à flatter le jeune lion jusqu’à ce que je l’eusse décidé à se mettre à la recherche de notre ennemi commun.

« Le jeune lion sortit donc de la caverne et me dit de le suivre ; et moi je marchai derrière lui, tandis qu’il s’avançait fièrement en faisant claquer sa queue sur son dos. Et nous marchâmes ainsi de compagnie, moi toujours derrière lui et pouvant à peine suivre son pas ; enfin nous vîmes s’élever une poussière qui, dissipée, laissa apparaître, tout nu, sans bât ni licou, un âne fugitif qui tantôt gambadait et ruait, et tantôt se jetait à terre et se roulait dans la poussière, les quatre jambes en l’air.

« À cette vue, mon ami le jeune lion fut assez étonné, car ses parents ne l’avaient guère laissé jusqu’ici sortir de la caverne ; et il héla l’âne en question en lui criant : « Hé toi ! viens par ici ! » Et l’autre se hâta d’obéir ; et mon ami lui dit : « Animal de peu de raison, pourquoi agis-tu de la sorte ? Et d’abord de quelle espèce es-tu d’entre les animaux ? » Il répondit : « Ô mon maître, je suis ton esclave l’âne de l’espèce des ânes ! » Il lui de-