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les mille nuits et une nuit

Et c’était une île couverte de beaux arbres fruitiers et nourrie par une multitude de ruisseaux. Et le paon et son épouse furent extrêmement charmés de leur promenade au milieu de cette fraîcheur, et s’arrêtèrent quelque temps à manger de tous les fruits et à boire de cette eau si douce et si légère.

Or, comme ils se disposaient à s’en retourner chez eux, ils virent arriver vers eux, les ailes battantes et pleine d’effroi, une oie. Et elle vint, en tremblant de toutes ses plumes, leur demander abri et protection ; et le paon et son épouse ne manquèrent pas de la recevoir en toute cordialité ; et la paonne se mit à lui parler avec beaucoup de gentillesse et lui dit : « Sois la bienvenue au milieu de nous ! Tu trouveras ici famille et facilité ! » Alors l’oie commença à se tranquilliser ; et le paon, ne doutant pas un instant que cette oie n’eût une histoire étonnante, lui demanda avec bonté : « Que t’est-il donc arrivé et pourquoi cet effroi ? » Et l’oie répondit : « Je suis encore toute malade de ce qui vient de m’arriver, et de la terreur terrible que m’inspire Ibn-Adam ! Ah ! qu’Allah nous garde ! qu’Allah nous préserve d’Ibn-Adam ! » Et le paon, bien peiné, lui dit : « Calme-toi, ma bonne oie, Calme-toi ! » Et la paonne lui dit : « Comment veux-tu qu’Ibn-Adam puisse arriver jusqu’à cette île située au milieu de la mer ? Du rivage, il ne pourra sauter jusqu’ici ; et de la mer, comment fera-t-il pour traverser tant d’espace et d’eau ? » Alors l’oie leur dit : « Béni soit celui qui vous a mis sur ma route pour me faire oublier mes terreurs et me rendre la paix du cœur ! » Et la paonne lui dit : « Ô ma sœur, raconte-nous alors le motif de la terreur que t’inspire