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les mille nuits et une nuit

guerriers de Constantinia. Puis le roi Roumzân dit à Kanmakân : « Laisse-moi d’abord m’avancer le premier au-devant de la vieille maudite : car elle me connaît déjà et ne se méfiera pas. » Et il poussa son cheval. Et en quelques instants il fut aux côtés de Mère-des-Calamités.

Alors Roumzân mit vivement pied à terre et la vieille, l’ayant reconnu, descendit également et se jeta à son cou. Alors le roi Roumzân la prit dans ses bras, la fixa les yeux dans les yeux, et la serra et la comprima si fort et si longtemps qu’elle lança un pet retentissant qui fit se cabrer tous les chevaux et sauter les cailloux du chemin à la tête des cavaliers !

Or, au même moment les mille guerriers, au grand galop, resserrèrent leur cercle et crièrent aux cent chrétiens de mettre bas les armes ; et en un clin d’œil ils les capturèrent jusqu’au dernier, tandis que le vizir Dandân s’avançait vers la reine Safîa et, ayant baisé la terre entre ses mains, la mettait en quelques mots au courant de la situation, cependant que la vieille Mère-des-Calamités, garrottée solidement, comprenait enfin sa perdition et urinait longuement dans ses vêtements.

Puis tout le monde rentra à Kaïssaria ; et, de là, immédiatement on se mit en route pour Baghdad, où l’on arriva sans incident et en toute hâte.

Alors les rois firent illuminer et décorer toute la ville et invitèrent tous les habitants, par les crieurs publics, à se masser devant le palais. Et lorsque toute la place et toutes les rues furent remplies par la foule des habitants, hommes, femmes et enfants,