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histoire du roi omar… (le bédouin hamad)
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ma laideur était grande en comparaison de la beauté de ces deux adolescents ! Mais bientôt je vis la jeune fille apporter à son frère un plateau couvert de mets et de fruits, sans qu’elle me jetât un seul regard, fût-il même méprisant, comme si j’étais quelque chien dont la présence dût passer inaperçue. Et pourtant, malgré tout, je continuais à la trouver plus merveilleuse encore, surtout quand elle se mit à offrir à manger à son frère, en le servant elle-même et en se négligeant elle-même pour qu’il ne manquât de rien. Mais le jeune homme finit par se tourner de mon côté et m’invita à partager le repas avec lui : alors je poussai un soupir de soulagement, car je me sentais désormais certain d’avoir la vie sauve. Et il me tendit lui-même une porcelaine de lait caillé et une soucoupe pleine d’une décoction de dattes dans l’eau aromatisée. Et je mangeai et je bus en tenant la tête basse, et je lui jurai mille et cinq cents serments que j’étais désormais le plus fidèle de ses esclaves et le plus acquis à sa dévotion. Mais il sourit et fit un signe à sa sœur qui se leva aussitôt et ouvrit une grande caisse et en tira une à une dix robes admirables, plus belles les unes que les autres ; elle en mit neuf dans un paquet et m’obligea à l’accepter ; puis elle me força à me vêtir de la dixième. Et c’est cette dixième, si somptueuse, dont vous me voyez, ô vous tous, en ce moment habillé !

« Après quoi, le jeune homme fit un second signe, et l’adolescente sortit un instant pour revenir aussitôt ; et je fus invité par eux deux à aller prendre possession d’une chamelle chargée de toutes sortes de vivres et aussi de cadeaux que j’ai conservés pré-