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histoire du roi omar… (le bédouin hamad)
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« Et il lança son cheval contre le mien et, d’un coup, il envoya mon épée voler au loin et, sans me laisser le temps de piquer des deux et de filer dans le désert, il me saisit dans sa main et m’enleva de ma selle comme on enlève un sac vide, et me lança comme une balle en l’air, et me rattrapa au vol sur sa main gauche, et me soutint ainsi, le bras tendu, comme s’il eût tenu sur le doigt un oiseau apprivoisé. Quant à moi, je ne savais plus si tout cela n’était point un songe noir ou si ce jeune homme, aux joues soyeuses et rosées, n’était pas un genni qui habitait sous cette tente avec une houria ! Et d’ailleurs ce qui se passa après me fit supposer qu’il devait plutôt en être ainsi.

« En effet, lorsque la jeune fille vit le triomphe de son frère, elle s’élança vers lui et l’embrassa sur le front et se suspendit joyeuse au cou de son cheval, qu’elle conduisit elle-même jusqu’à la tente. Là le jeune homme descendit en me tenant sous le bras, comme un paquet, me posa à terre, me fit mettre debout et, me prenant la main, il me fit entrer sous la tente, au lieu de m’écraser la tête sous ses pieds ; et il dit à sa sœur : « Il est désormais l’hôte qui est entré sous notre protection ; traitons-le donc avec égards et avec douceur. » Et il me fit asseoir sur la natte ; et la jeune fille mit derrière moi un coussin pour mieux me faire reposer ; puis elle s’occupa de remettre en place les armes de son frère, et de lui apporter l’eau parfumée et de lui laver le visage et les mains ; puis elle le vêtit d’une robe blanche en lui disant : « Qu’Allah, ô mon frère, fasse parvenir ton honneur à l’extrême limite de la blancheur, et qu’il te mette comme un grain de