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histoire du roi omar… (le bédouin hamad)
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fertile au milieu du désert pour y vivre notre vie en toute tranquillité, loin de tous les soucis ! » Je dis : « Il me faut ta sœur comme épouse, ou à l’instant même tu vas compter au nombre des morts, par le tranchant de ce glaive ! »

« À ces paroles, le jeune homme bondit vers l’extrémité de sa tente et me dit : « Arrière, ô scélérat qui méconnais l’hospitalité ! La lutte entre nous livrera le vaincu à discrétion ! » Et il détacha du poteau où ils pendaient son glaive et son bouclier, tandis que je m’élançais du côté où paissait mon cheval et que je sautais en selle et me tenais en garde. Et le jeune homme, s’étant armé, sortit également et enfourcha son cheval et il se disposait déjà à le lancer, quand la jeune fille, sa sœur, sortit, les yeux pleins de larmes, et s’attacha à ses genoux qu’elle embrassa en récitant ces vers :

« Ô mon frère, voici que pour défendre ta sœur fragile, tu t’exposes au sort de la lutte et aux coups d’un ennemi que tu ne connais pas !

Que puis-je, sinon faire des vœux au Donateur de la victoire pour ton triomphe, et pour que je me garde intacte de toute souillure et conserve pour toi seul le sang de mon cœur ?

Mais si la destinée farouche te ravissait à mon âme, ne crois point qu’un pays puisse me voir vivante, fût-il le plus beau de tous les pays, et débordant des produits de toute la terre.

Et ne crois point que je te survive un instant ; car la tombe recèlera nos corps unis dans le trépas comme dans la vie ! »