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les mille nuits et une nuit

dit : « Je suis Hamad ! Et je ne te connais pas ! » Alors Nôzhatou se mit à rire et s’écria : « C’est vraiment lui ! Car jamais on ne verra un fou semblable à lui ! Regarde-moi donc, ô Bédouin Hamad ! Je suis celle que tu as volée dans les rues de la Ville-Sainte et que tu as tant maltraitée ! »

Lorsque le Bédouin eut entendu ces paroles, il s’écria : « Par Allah ! c’est elle-même ! Ma tête va tout de suite s’envoler de mon cou, certainement ! » Et Nôzhatou se tourna vers le marchand, qui était assis, et lui demanda : « Le reconnais-tu maintenant, mon bon père ? » Le marchand dit : « C’est lui-même, le maudit ! Et il est plus fou à lui seul que tous les fous de la terre ! » Alors Nôzhatou dit : « Mais ce Bédouin, malgré toutes ses brutalités, avait une qualité : il aimait les beaux vers et les belles histoires. » Alors le Bédouin s’écria : « Ô ma maîtresse, c’est la vérité, par Allah ! Et je connais d’ailleurs une histoire tout à fait étrange qui m’est arrivée à moi-même. Or, si je la raconte et qu’elle plaise à tous ceux ici présents, tu me pardonneras et m’accorderas la grâce de mon sang ! » Et la douce Nôzhatou sourit et dit : « Soit ! raconte-nous ton histoire, ô Bédouin ! »

Alors le Bédouin Hamad dit :

« En vérité je suis un grand brigand, et la couronne sur la tête de tous les brigands ! Mais la chose la plus surprenante de toute ma vie dans les villes et le désert est la suivante :

« Une nuit que j’étais seul, étendu sur le sable