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histoire du roi omar al néman…
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l’esclave du Bédouin brutal qui m’avait volée dans les rues de la Ville-Sainte ! »

Aussi, lorsque le marchand fut revenu de son évanouissement, les deux rois se levèrent en son honneur et l’embrassèrent ; et à son tour il baisa les mains de la reine Nôzhatou et du vieux vizir Dandan ; et tous se félicitèrent mutuellement de cet événement et rendirent grâces à Allah qui les avait tous réunis ; et le marchand leva les bras et s’écria : « Béni soit et glorifié Celui qui modèle des cœurs inoublieux et les parfume de l’admirable encens de gratitude ! »

Après quoi, les deux rois nommèrent le vieux marchand. cheikh général de tous les khâns et de tous les souks de Kaïssaria et de Baghdad, et lui donnèrent libre accès au palais, de jour comme de nuit. Puis ils lui dirent : « Mais comment as-tu été attaqué avec ta caravane ? » Il répondit : « C’est dans le désert ! Des brigands, des Arabes de la mauvaise qualité, de ceux qui dépouillent les marchands non armés, m’ont assailli soudain. Ils étaient plus de cent ! Mais leurs chefs sont trois : l’un est un nègre effroyable, l’autre un Kurde épouvantable et le troisième un Bédouin extraordinairement fort ! Ils m’avaient lié sur un chameau et me traînaient derrière eux, quand Allah voulut qu’un jour ils fussent assaillis par les guerriers réguliers qui les capturèrent, et moi avec eux. »

À ces paroles, les rois dirent à l’un des chambellans : « Fais d’abord entrer le nègre ! » Et le nègre entra. Or, il était plus laid que le derrière d’un vieux singe, et ses yeux plus méchants que ceux du