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les mille nuits et une nuit

des pommes sous les feuilles jalouses, à peine pourraient-elles te dire la clarté de ses joues sous le duvet.

Et si tu cherchais la mort, tu la trouverais sous les lourds regards de ses yeux aux victimes sans nombre. Mais si c’est l’ivresse que tu désires, laisse les vins de l’échanson ! N’as-tu point les joues rougissantes de l’échanson ?

Et si tu veux connaître sa fraîcheur, les myrtes te la diront, et sa flexibilité, les courbes des rameaux !

Alors moi, ô mon maître, affolé, je finis tout de même par arriver à la maison, à la tombée de la nuit. Et je trouvai la fille de mon oncle assise tout en larmes ; mais, en me voyant, elle s’essuya rapidement les yeux et vint à moi et m’aida à me déshabiller et m’interrogea doucement sur le motif de mon retard et me dit que tous les invités, les émirs, les grands marchands et les autres, ainsi que le kâdi et les témoins, avaient longtemps attendu mon arrivée, mais que ne voyant rien venir, ils avaient mangé et bu à satiété et étaient tous partis en leur voie. Puis elle ajouta : « Quant à ton père, cela l’a mis dans une fort grande rage ; et il a juré que notre mariage serait retardé jusqu’à l’année prochaine ! Mais toi, ô fils de mon oncle, pourquoi enfin avoir agi de la sorte ? »

Alors moi je lui dis : « Il s’est passé telle et telle chose. » Et je lui racontai en détail l’aventure. Aussitôt elle prit le mouchoir que je lui tendais et, après avoir lu ce qui y était écrit, elle versa d’abondantes