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histoire du roi omar al néman…
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présence du vizir Dandân qu’elle considérait comme un père, étaient assis à causer des probabilités d’arrivée de la vieille calamiteuse et du sort qu’on lui réservait, l’un des chambellans entra et annonça aux rois qu’il y avait dehors un vieux marchand qui avait été assailli par des brigands, et qu’il y avait aussi les brigands enchaînés. Et le chambellan dit : « Ô rois, ce marchand sollicite une audience de votre magnanimité, car il a deux lettres à vous remettre. » Et les deux rois dirent : « Fais-le entrer ! »

Alors entra un vieillard dont la figure portait l’empreinte de la bénédiction et qui pleurait ; il baisa la terre entre les mains des rois et dit : « Ô rois du temps, est-il possible qu’un musulman soit respecté chez les mécréants et dépouillé et malmené chez les vrais Croyants, dans les pays où règne la concorde et la justice ? » Et les rois lui dirent : « Mais que t’est-il donc arrivé, ô respectable marchand ? » Il répondit : « Ô mes maîtres, sachez que j’ai sur moi deux lettres qui m’ont toujours fait respecter dans tous les pays musulmans ; car elles me servent de sauf-conduit et me dispensent de payer les dîmes et les droits d’entrée sur mes marchandises. Et l’une de ces lettres, ô mes maîtres, outre cette vertu précieuse, me sert également de consolation dans la solitude et me tient compagnie dans mes voyages ; car elle est écrite en vers admirables, et si beaux, en vérité, que je préférerais perdre mon âme que de m’en séparer ! » Alors les deux rois lui dirent : « Mais, ô marchand, tu peux au moins nous faire voir cette lettre ou seulement nous en lire le contenu ! » Et le vieux marchand, tout tremblant, tendit les deux lettres aux