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les mille nuits et une nuit

elles furent revenues de leur évanouissement, elles se jetèrent dans les bras l’une de l’autre en s’embrassant : car la femme n’était autre que l’ancienne esclave de la princesse Abriza, la fidèle Grain-de-Corail !

Puis Grain-de-Corail se tourna vers le roi Kanmakân et lui dit : « Ô roi, je vois que tu portes au cou une gemme précieuse blanche et arrondie ; et la princesse Nôzhatou en porte également une au cou. Or, tu sais que la reine Abriza avait la troisième. Et cette troisième la voici ! » Et la fidèle Grain-de-Corail, se tournant vers le jeune homme qui était entré avec elle, montra, attachée à son cou, la troisième gemme ; puis, les yeux éclairés de joie, elle s’écria : « Ô roi, et toi, ma maîtresse Nôzhatou, ce jeune homme est le fils de ma pauvre maîtresse Abriza. Et c’est moi-même qui l’ai élevé depuis sa naissance. Et c’est lui-même, ô vous tous qui m’écoutez, qui est à l’heure présente le roi de Kaïssaria, Roumzân fils d’Omar Al-Némân. C’est donc ton frère, ô ma maîtresse Nôzhatou, et ton oncle à toi, ô roi Kanmakân ! »

À ces paroles de Grain-de-Corail, le roi Kanmakân et Nôzhatou se levèrent et embrassèrent le jeune roi Roumzân en pleurant de joie ; et le vizir Dandân également embrassa le fils de son maître le roi Omar Al-Némân (qu’Allah l’ait en sa miséricorde infinie !) Puis le roi Kanmakân demanda au roi Roumzân, maître de Kaïssaria : « Dis-moi, ô frère de mon père, tu es le roi d’un pays chrétien et tu vis au milieu des chrétiens ! Serais-tu aussi Nousrani ? » Mais le roi Roumzân étendit la main et, levant son