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les mille nuits et une nuit

pensé à autre chose qu’à la douleur de ton absence ! » Et Kanmakân lui dit : « Je te supplie, ô mère, d’aller toi-même prendre de ses nouvelles et des nouvelles de ma tante Nôzhatou ! » Alors la mère sortit et alla dans l’appartement où se trouvaient maintenant Nôzhatou et sa fille Force-du-Destin, et revint avec elles dans la salle où les attendait Kanmakân. Et c’est alors qu’eut lieu la vraie joie et que furent dits les plus beaux vers, dont ceux-ci entre mille :

Ô sourire de perles sur les lèvres de l’aimée, sourire bu sur les perles mêmes !

Joues des amants ! Que de baisers ne connûtes-vous, que de caresses sur la soie !

Caresses des cheveux épars au matin, caresses des doigts qui fourmillent nombreux !

Et toi, glaive brillant tel l’acier hors du fourreau, glaive sans repos, glaive de la nuit…

Or, comme leur félicité fut à sa limite, avec la grâce d’Allah, il n’y a rien à dire là-dessus. Et d’ailleurs, c’est depuis lors que les malheurs s’éloignèrent de la demeure où vivait la postérité d’Omar Al-Némân, pour s’abattre à jamais sur tous ceux qui avaient été ses ennemis !

En effet, une fois que le roi Kanmakân eut passé de longs mois de bonheur dans les bras de la jeune Force-du-Destin, devenue son épouse, il réunit un jour, en présence du grand-vizir Dandân, tous ses émirs, ses chefs de troupes et les principaux de son empire et leur dit : « Le sang de mes pères n’est pas encore vengé, et les temps sont venus ! Or, voici