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histoire du roi omar … (kanmakan)
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Or, comme le prince Kanmakân avait pris soin de se laisser distancer d’une journée par son fidèle Sabah, celui-ci avait mis en quelques heures toute la ville de Baghdad en émoi. Et tous les habitants et toute l’armée, avec le vizir Dandân en tête et les trois chefs Rustem, Turkash et Bahramân, étaient sortis hors des portes attendant l’arrivée de ce Kanmakân qu’ils aimaient et qu’ils n’espéraient plus revoir ; et ils faisaient des vœux pour la prospérité et la gloire de la race d’Omar Al-Némân.

Aussi à peine le prince Kanmakân eut-il paru, arrivant au grand galop de son cheval Kâtoul, que les cris de joie et les invocations s’élevèrent de tout l’espace, poussés par des milliers de voix d’hommes et de femmes qui l’acclamaient comme leur roi. Et le vizir Dandân, malgré son grand âge, sauta lestement à terre et vint souhaiter la bienvenue et jurer fidélité au descendant de tant de rois. Puis tous ensemble entrèrent à Baghdad, cependant que la négresse, sur le chameau qu’entourait une foule considérable, racontait une histoire d’entre les histoires.

Or, la première chose que Kanmakân fit, en arrivant au palais, fut d’embrasser le grand-vizir Dandân, le plus fidèle à la mémoire de ses rois, puis les chefs Rustem, Turkash et Bahramân ; et la seconde chose que fit Kanmakân fut d’aller baiser les mains de sa mère qui sanglotait de joie ; et la troisième chose fut de dire à sa mère : « Ô ma mère, dis-moi, de grâce, comment va ma bien-aimée cousine Force-du-Destin ! » Et sa mère lui répondit : « Ô mon enfant, je ne puis te répondre à ce sujet, car depuis que je t’ai perdu je n’ai plus