— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.
LA CENT QUARANTE-TROISIÈME NUIT
Elle dit :
Lorsque le prince Kanmakân eut entendu cette nouvelle si inattendue, il se tourna vers son fidèle Sabah et, d’une voix très calme, il lui dit : « Tu vois, ô Sabah, que toute chose arrive au temps qui lui est fixé. Lève-toi donc. Et allons à Baghdad ! »
À ces paroles, le courrier comprit qu’il se trouvait en présence de son nouveau roi, et aussitôt il se prosterna et baisa la terre entre ses mains, comme firent aussi Sabah et la négresse. Et Kanmakân dit à la négresse : « Tu viendras aussi avec moi à Baghdad, où tu achèveras pour moi cette histoire du désert ! » Et Sabah dit : « Permets-moi alors, ô roi, de courir te précéder pour annoncer ton arrivée au vizir Dandân et aux habitants de Baghdad ! » Et Kanmakân le lui permit. Puis, pour récompenser le courrier de sa bonne nouvelle, il lui céda, comme cadeau, toutes les tentes, tous les bestiaux et tous les esclaves qu’il avait conquis dans ses luttes de trois ans. Puis, précédé par le Bédouin Sabah et suivi par la négresse juchée sur un chameau, il partit pour Baghdad au grand trot de son cheval Kâtoul.