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histoire du roi omar … (aziz, aziza)
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deux entre ses seins. Cela fait, elle rentra la tête et, refermant la fenêtre, elle disparut.

Et, tout saisi, tout perplexe et soudainement enflammé de désir, j’eus beau regarder vers la fenêtre, espérant revoir cette apparition qui m’enlevait l’âme, la fenêtre resta obstinément fermée. Et je ne désespérai que lorsque, ayant attendu là, sur ce banc, jusqu’au coucher du soleil, oubliant et mon contrat de mariage et ma fiancée, je constatai que décidément mon attente était vaine.

Alors je me levai, le cœur bien en peine, et je me dirigeai vers ma maison. En route je me mis à déplier le mouchoir en question, dont le seul parfum me délecta si intensément que je me crus déjà au paradis. Lorsque je l’eus tout à fait déplié, je vis qu’il portait, sur l’un de ses coins, ces vers inscrits d’une belle écriture entrelacée :

J’ai essayé de me plaindre pour lui faire sentir la passion de mon âme, au moyen de cette écriture fine et compliquée. Car toute écriture est l’empreinte même de l’âme qui l’imagine.

Mais il me dit, l’ami : « Ton écriture, pourquoi si fine et torturée, et telle qu’elle se subtilise à ma vue ? »

Je répondis : « Moi-même je suis si énervée et torturée ! Es-tu donc si naïf que tu n’y reconnaisses pas l’indice de l’amour ? »

Et sur l’autre coin du mouchoir, ces vers étaient écrits en grands caractères réguliers :

Les perles unies à l’ambre, et la pudeur incarnadine