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histoire du roi omar … (kanmakan)
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retenir plus longtemps, et se mit à rire tellement qu’il se convulsa de joie. Puis il dit à la négresse : « Quelle histoire délicieuse ! De grâce, hâte-toi de m’en dire la suite qui doit être admirable aux oreilles et exquise à l’esprit ! » Et la négresse dit : « Certes, ô mon maître, la suite est tellement merveilleuse que tu en oublieras, en vérité, tout ce que tu viens d’entendre ; et elle est tellement pure et savoureuse et étrange que même les sourds s’en trémousseraient de plaisir ! » Et Kanmakân dit : « Ah ! continue alors ! Je suis dans un ravissement extrême ! »

Or, comme la négresse se disposait à narrer la suite de son histoire, Kanmakân vit arriver et s’arrêter devant sa tente un courrier à cheval qui, ayant mis pied à terre, lui souhaita la paix ; et Kanmakân lui rendit son salam. Alors le courrier lui dit : « Seigneur, je suis un des cent courriers que le grand-vizir Dandân a envoyés dans toutes les directions pour essayer de trouver les traces du jeune prince Kanmakân, qui depuis trois années est parti de Baghdad. Car le grand-vizir Dandân a réussi à soulever toute l’armée et tout le peuple contre l’usurpateur du trône d’Omar Al-Némân ; et il a fait prisonnier l’usurpateur et l’a enfermé dans le cachot le plus souterrain. Aussi, à l’heure actuelle, la faim, la soif et la honte ont dû lui enlever l’âme ! Voudrais-tu me dire, ô seigneur, si, par hasard, tu n’aurais pas rencontré, un jour, le prince Kanmakân, à qui revient de droit le trône de son père ? »

Lorsque le prince Kanmakân…