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les mille nuits et une nuit

encore enfantines. Et lui, à cette vue, se mit à renifler avec joie ; et il prit la petite dans ses bras et la mit entre ses cuisses et l’embrassa avec chaleur ; et il la fit glisser sous lui ; et il sortit son mâle et le lui mit dans la main ; et il allait qui sait quoi faire, quand soudain, sous la sensation d’un froid intense, il se réveilla de son rêve.

« Or, à ce moment-là, et une fois qu’il eut réfléchi que tout cela n’était que l’effet du haschisch sur son cerveau, il se vit entouré par tous les baigneurs du hammam qui le regardaient en riant de tout leur gosier et en ouvrant des bouches comme des fours ; et ils se montraient du doigt, mutuellement, son zebb nu qui se raidissait en l’air à la limite de la raideur et apparaissait aussi énorme que celui d’un âne ou d’un éléphant ; et ils jetaient dessus de grands seaux remplis d’eau froide en lui décochant des plaisanteries, comme celles que l’on fait d’ordinaire dans le hammam, par point de comparaison, entre baigneurs.

« Alors il devint bien confus et il ramena sur ses jambes la serviette et dit lamentablement à ceux qui riaient : « Pourquoi alors avez-vous enlevé la fillette, ô bonnes gens, au moment même où j’allais placer les choses à leur place ? » À ces paroles, ils trépignèrent de joie et se mirent à battre des mains et lui crièrent : « N’as-tu pas honte, ô mangeur de haschisch, de tenir de pareils propos après avoir, sous l’effet de l’herbe que tu as avalée, si bien joui de l’air du temps ? »

À ces paroles de la négresse, Kanmakân ne put se