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les mille nuits et une nuit

en entier. Et, comme il n’était pas habitué au haschisch, bientôt, quand l’effet se fut produit dans son cerveau par la circulation de la drogue, il entra d’abord dans une hilarité extraordinaire et lança dans toute la salle des éclats énormes de rire ! Puis il s’affaissa, un instant après, sur le marbre nu et fut la proie d’hallucinations diverses dont voici l’une des plus délicieuses :

« Il crut d’abord être tout nu sous la domination des mains d’un terrible masseur et de deux nègres vigoureux qui s’étaient complètement emparés de son individu ; et il se voyait comme un jouet entre leurs mains ; ils le tournaient et le manipulaient dans tous les sens en lui enfonçant dans les chairs leurs doigts noueux, mais experts infiniment ; et il geignait sous le poids de leurs genoux quand ils s’appuyaient sur son ventre pour le lui masser avec art. Après cela ils le lavèrent à grand renfort de bassins de cuivre et de frottements avec des fibres végétales ; puis le grand masseur voulut lui laver lui-même certaines parties délicates de son individu, mais, comme ça le chatouillait fort, il dit : « Je ferai la chose moi-même ! » Puis, le bain terminé, le grand masseur lui entoura la tête, les épaules et les reins de trois foulards aussi blancs que le jasmin et lui dit : « Maintenant, seigneur, c’est le moment d’entrer chez ton épouse qui t’attend : » Mais il s’écria : « Quelle épouse, ô masseur ? Je suis célibataire ! Aurais-tu par hasard mangé du haschisch pour ainsi radoter ? » Mais le masseur lui dit. « Ne plaisante donc pas de la sorte ! Allons chez ton épouse qui est dans l’impatience ! » Et il lui jeta sur