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histoire du roi omar al néma … (kanmakan)
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pelles Kahroudash, que, moi, je suis Kanmakân ben-Daoul’makân ben-Omar Al-Némân ! » Alors le chrétien lui dit : « Ô fils de Daoul’makân, j’ai connu dans les batailles la vaillance de ton père ! Or, toi, tu as su unir la force de ton père à une élégance parfaite ! Retire-toi donc, en emportant tout ton butin. C’est mon plaisir ! » Mais Kanmakân lui cria : « Ce n’est point ma coutume, ô chrétien, de faire tourner bride à mon cheval ! Garde à toi ! » Il dit, et caressa son cheval Kâtoul qui comprit le désir de son maître et, baissant les oreilles et relevant la queue, s’élança. Et alors luttèrent les deux guerriers, et les chevaux s’entrechoquèrent comme deux béliers s’entrecornant ou deux taureaux s’entr’éventrant. Et plusieurs passes terribles restèrent sans résultat. Puis soudain Kahroudash, de toute sa force, poussa sa lance contre la poitrine de Kanmakân ; mais celui-ci, d’une volte rapide de son cheval, sut l’éviter à temps et, se tournant brusquement, détendit son bras, la lance en avant. Et du coup il perfora le ventre du chrétien en faisant sortir par son dos le fer reluisant. Et Kahroudash cessa à jamais de compter au nombre des guerriers mécréants !

À cette vue, les cavaliers de Kahroudash se confièrent à la rapidité de leurs chevaux et disparurent au loin dans la poussière, qui les masqua.

Alors Kanmakân, essuyant sa lance sur les corps étendus, continua sa route en faisant signe à Sabah de pousser en avant les troupeaux et les esclaves.

Or, c’est justement après cet exploit que Kanmakân rencontra la négresse errante du désert, qui ra-