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vera l’erreur de ta grossièreté, ô Roumi aveugle et qui ne sais distinguer les guerriers d’avec les jeunes filles ! » Alors le chef des cent s’avança plus près de Kanmakân et constata, en effet, que, malgré la douceur et la blancheur de son teint et le velouté de ses joues vierges de poils rugueux, c’était, à en juger par la flamme de ses yeux, un guerrier point facile à dompter.

Alors le chef des cent cria à Kanmakân : « À qui donc appartient ce troupeau ? Et où vas-tu toi-même ainsi, plein d’insolence et de bravade ? Livre-toi à discrétion, ou tu es mort ! » Puis il ordonna à l’un de ses cavaliers de s’approcher du jeune homme et de le faire prisonnier. Mais à peine le cavalier était-il arrivé près de Kanmakân, que, d’un seul coup de son glaive, Kanmakân lui coupa en deux le turban, la tête, le corps, ainsi que la selle et le ventre du cheval. Puis le deuxième cavalier qui s’avança et le troisième et le quatrième subirent exactement le même sort.

À cette vue, le chef des cent ordonna à ses cavaliers de se retirer et s’avança plus près de Kanmakân et lui cria : « Ta jeunesse est très belle, ô guerrier, et ta vaillance l’égale ! Or, moi, Kahroudash, dont l’héroïsme est réputé dans tous les pays des Roum, je veux, à cause même de ton courage, t’accorder la vie sauve ! Retire-toi donc en paix, car je te pardonne la mort de mes hommes, pour ta beauté ! » Mais Kanmakân lui cria : « Que tu sois Kahroudash, cela ne peut m’intéresser ! Ce qui importe, c’est que tu laisses de côté toutes ces paroles et que tu viennes éprouver la pointe de ma lance. Et sache aussi, puisque tu t’ap-