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histoire du roi omar… (kanmakân)
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sort subi par leurs maîtres, ils se précipitèrent la face contre terre, demandant la vie sauve. Et Kanmakân leur dit : « Allez ! et, sans perdre de temps, poussez devant moi ces troupeaux et conduisez-les à tel endroit où se trouvent ma tente et mes esclaves ! » Et, poussant devant lui bêtes et esclaves, il continua sa route, rejoint bientôt par son compagnon Sabah qui, suivant les ordres reçus, n’avait pas bougé de son poste durant le combat.

Or, pendant qu’ils cheminaient de la sorte avec, au-devant d’eux, les esclaves et le troupeau, ils virent soudain s’élever une poussière qui, dissipée, laissa apparaître cent cavaliers armés selon le mode des Roum de Constantinia. Alors Kanmakân dit à Sabah : « Surveille les troupeaux et les esclaves et laisse-moi agir seul contre ces mécréants ! » Et le Bédouin aussitôt se retira plus loin, derrière une colline, ne s’occupant que de la garde ordonnée. Et seul Kanmakân s’élança au-devant des cavaliers Roum, qui aussitôt l’enveloppèrent de toutes parts ; alors leur chef, s’étant avancé vers lui, dit : « Qui donc es-tu, ô jeune fille charmante qui sais si bien tenir les rênes d’un cheval de bataille, alors que tes yeux sont si tendres et tes joues si lisses et fleuries ? Approche-toi que je te baise sur les lèvres ; et nous verrons ensuite. Viens ! Et je te ferai reine de toutes les terres où se promènent les tribus ! »

À ces paroles Kanmakân sentit une grande honte lui monter au visage et s’écria : « À qui donc penses-tu parler, ô chien, fils de chien ? Si mes joues n’ont point de poils, mon bras, que tu vas sentir, te prou-