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les mille nuits et une nuit

« Nous sommes de la race d’Omar Al-Némân, des hommes aux grands desseins, des héros.

Nous sommes les seigneurs qui frappons au cœur les tribus hostiles, quand se lève le jour du combat.

Nous protégeons les faibles contre les puissants, et nous nous servons de la tête des vaincus pour l’ornement de nos lances.

Gare à vos têtes, ô vous tous, voici les héros ! ceux aux grands desseins, ceux de la race d’Omar Al-Némân ! »

À cette vue, les esclaves terrifiés se mirent à lancer de grands cris, en appelant au secours, croyant que tous les Arabes du désert les attaquaient à l’improviste. Alors sortirent des tentes trois guerriers qui étaient les maîtres des troupeaux ; ils sautèrent sur leurs chevaux et se précipitèrent à la rencontre de Kanmakân, en s’écriant : « C’est le voleur du cheval Kâtoul ! Nous le tenons enfin ! Sus au voleur ! » À ces paroles, Kanmakân leur cria : « C’est, en effet, Kâtoul lui-même, mais les voleurs c’est vous, ô fils de putains ! » Et il se pencha près des oreilles de Kâtoul en lui parlant pour l’encourager ; et Kâtoul bondit comme un ogre sur une proie ; et Kanmakân, de sa lance, ne se fit qu’un jeu de la victoire ; car, dès la première passe, il enfonça la pointe de son arme dans le ventre du premier qui se présenta, et la fit sortir de l’autre côté avec un rognon au bout. Puis il fit subir le même sort aux deux autres cavaliers : et, de l’autre côté de leur dos, un rognon ornait la perforante lance. Puis il se tourna du côté des esclaves. Mais lorsque ceux-ci eurent vu le