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histoire du roi omar al néma … (kanmakan)
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côte à côte et gagner nos amantes avec le fruit de nos exploits ! »

Et, comme il venait de terminer ces mots, une poussière s’éleva dans le loin pour se rapprocher rapidement ; et, une fois dissipée, devant eux apparut un cavalier dont le visage était jaune comme celui d’un mourant, et dont les habits étaient imprégnés de sang, et il s’écria : « Ô Croyants, un peu d’eau pour laver ma blessure ! Et soutenez-moi, car je vais rendre l’âme ! Secourez-moi et, si je meurs, mon cheval vous appartient ! » Et, en effet, le cheval que montait le cavalier n’avait pas son égal parmi tous les chevaux des tribus, et sa beauté rendait perplexes tous ceux qui le regardaient, car il atteignait à la perfection des qualités requises d’un cheval du désert. Et le Bédouin, qui se connaissait en chevaux comme tous ceux de sa race, s’écria : « En vérité, ô cavalier, ton cheval est un de ceux qu’on ne voit plus en ce temps ! » Et Kanmakân lui dit : « Mais, ô cavalier, tends-moi le bras que je t’aide à descendre ! » Et il prit le cavalier, qui se sentait s’en aller, et le déposa doucement sur le gazon, et lui dit : « Mais qu’as-tu donc, frère, et quelle est cette blessure ? » Et le Bédouin entr’ouvrit son vêtement et montra son dos qui n’était plus qu’une plaie énorme d’où le sang s’échappait à flots. Alors Kanmakân s’accroupit près du blessé et lui lava attentivement ses blessures, et les recouvrit doucement d’herbe fraîche ; puis il donna à boire au mourant et lui dit : « Mais qui donc t’a mis en cet état, ô frère d’infortune ? » Et l’homme dit :

« Sache, ô toi à la main secourable, que le cheval