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les mille nuits et une nuit

toi-même ton nom et celui de tes parents ? » Et le Bédouin dit :

« Je suis Sabah ben-Remah ben-Hemam de la tribu de Taïm, dans le désert de Scham. Et voici, en peu de mots, mon histoire :

« J’étais encore en très bas âge quand mon père mourut. Et je fus recueilli par mon oncle et élevé dans sa maison en même temps que sa fille Nejma. Or, j’ai aimé Nejma, et Nejma également m’aima. Et lorsque je fus en âge de me marier, je la voulus pour épouse ; mais son père, me voyant pauvre et sans ressources, ne voulut point consentir à notre mariage. Pourtant, devant les remontrances des principaux cheikhs de la tribu, mon oncle voulut bien me promettre Nejma comme épouse, mais à condition de lui constituer une dot composée de cinquante chevaux, cinquante chamelles de race, dix esclaves femmes, cinquante charges de blé et cinquante charges d’orge, et plutôt plus que moins. Alors, moi je jugeai que la seule façon de constituer cette dot de Nejma était de sortir de ma tribu et d’aller au loin attaquer les marchands et piller les caravanes. Et telle est la cause de mon séjour, cette nuit, dans l’endroit où tu m’as entendu chanter. Mais, ô compagnon, qu’est ce chant si tu le comparais à la beauté de Nejma ! Car, qui voit seulement Nejma une fois dans la vie, se sent l’âme pleine de bénédiction et de bonheur pour le restant de ses jours ! » Et, ayant dit ces paroles, le Bédouin se tut.

Alors Kanmakân lui dit : « Je savais bien, compagnon, que ton histoire devait ressembler à la mienne ! Aussi désormais nous allons combattre