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les mille nuits et une nuit

demanda, étonné de son jeune âge : « Ô jeune homme que je ne connais pas, qui donc es-tu ? À quelle tribu appartiens-tu ? Et quels sont tes parents chez les Arabes ? En vérité tu es d’un âge où l’on ne voyage pas seul dans la nuit et dans les contrées où l’on ne voit que troupes armées. Raconte-moi donc ton histoire. » Kanmakân dit : « Mon grand-père était le roi Omar Al-Némân ; mon père, le roi Daoul’makân, et je suis moi-même Kanmakân qui brûle d’amour pour sa cousine la princesse Force-du-Destin ! » Alors le Bédouin lui dit : « Mais comment se fait-il qu’étant roi fils de rois, tu sois habillé comme un saâlouk et voyages sans une escorte digne de ton rang ? » Il répondit : « Je me ferai désormais mon escorte moi-même, et je commencerai par te prier d’être le premier à en faire partie ! » À ces paroles, le Bédouin se mit à rire et lui dit : « Tu parles, ô jeune garçon, comme si tu étais déjà un guerrier accompli ou un héros illustré dans vingt combats ! Or, pour te démontrer ton insuffisance, je vais à l’instant m’emparer de toi pour que tu me serves comme esclave ! Et alors, si vraiment tes parents sont des rois, ils seront assez riches pour payer ta rançon ! » Et Kanmakân sentit la fureur lui jaillir des paupières et il dit au Bédouin : « Par Allah ! nul ne paiera ma rançon que moi-même ! Garde à toi, ô Bédouin ! À entendre tes vers, je t’avais cru doué de manières exquises… »

Et Kanmakân s’élança sur le Bédouin qui, pensant ne faire qu’un jeu de cet enfant, l’attendait en souriant. Mais comme il le pensait à tort ! En effet, Kanmakân, dans un corps-à-corps avec le Bédouin, se