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les mille nuits et une nuit

Je combattrai les héros et les tribus ; je m’enrichirai du butin fait sur tous mes vaincus ; et, puissant désormais de ma gloire et de ma vigueur, je reviendrai ; et toutes les portes s’ouvriront seules !

Car sache-le bien, cœur naïf, pour avoir les cornes précieuses de la bête, il faudra d’abord dompter la bête ou la tuer ! »

Or, pendant que le jeune Kanmakân fuyait ainsi sa ville et ses parents, sa mère, ne l’ayant plus vu de la journée, le chercha partout sans résultat. Alors elle s’assit à pleurer et attendit son retour en proie aux pensées les plus torturantes. Mais le second, puis le troisième et le quatrième jour passèrent, sans que personne eût des nouvelles de Kanmakân. Alors sa mère s’enferma dans son appartement, à pleurer, à se lamenter et à dire du plus profond de sa douleur : « Ô mon enfant, de quel côté t’appeler ? Vers quel pays courir te chercher ? Et que peuvent maintenant ces larmes que je verse sur toi, mon enfant ? Où es-tu ? Où es-tu, ô Kanmakân ? » Puis la pauvre mère ne voulut plus ni boire ni manger ; et son deuil fut connu de toute la ville et partagé par tous les habitants, qui aimaient le jeune homme et aimaient son défunt père. Et tous s’écriaient : « Où es-tu, ô pauvre Daoul’makân, ô roi qui avais été si juste et si bon pour ton peuple ? Voici que ton fils est perdu, et nul de ceux que tu as comblés de tes bienfaits ne sait retrouver ses traces ! Ah ! pauvre postérité d’Omar Al-Némân, qu’es-tu devenue ? »

Mais pour ce qui est de Kanmakân, il se mit à