Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA CENT TRENTE-NEUVIÈME NUIT

Elle dit :

Le grand-chambellan dit à son épouse Nôzhatou : « Tu dois savoir que le jeune Kanmakân a depuis longtemps atteint l’âge de la puberté, et qu’il se sent porté à s’essayer sur ta fille Force-du-Destin. Il faut donc les séparer désormais sans espoir de rencontre, car il est fort dangereux d’approcher le bois de la flamme. Désormais il ne faut plus que ta fille puisse sortir de l’appartement des femmes ou se découvrir le visage : car elle n’est plus dans l’âge où les filles peuvent sortir découvertes ! Et surtout prends bien garde de leur permettre à tous deux de communiquer, car je suis disposé, au moindre motif, à empêcher à jamais le jeune homme de se laisser aller aux instincts de sa perversité ! »

À ces paroles, Nôzhatou ne put s’empêcher de pleurer et, une fois son époux parti, elle alla trouver son neveu Kanmakân et le mit au courant de la colère du grand-chambellan. Puis elle lui dit : « Sache pourtant, ô fils de mon frère, que je pourrai quelquefois te ménager des rencontres secrètes avec Force-du-Destin, mais à travers la porte seulement ! Sois donc patient jusqu’à ce qu’Allah te prenne en compassion ! » Mais Kanmakân sentit