Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du roi omar… (kanmakân)
139

« Tu marchais, ô bien-aimée, au milieu de tes femmes, toute baignée dans ta beauté ! Les roses, à ton passage, séchaient d’envie sur leurs tiges, en se comparant à leurs sœurs sur tes joues ;

« Les lis clignaient de l’œil devant le grain de ta blancheur ; et les camomilles en fleurs souriaient du sourire de tes dents.

« Ah ! quand verrai-je mon exil finir et mon cœur guérir des douleurs de l’absence, pour que mes lèvres heureuses se rapprochent enfin de celles de ma bien-aimée ?

« Ah ! pourrai-je enfin connaître si l’union nous est possible, ne fût-ce qu’une nuit, et voir si tu peux éprouver un peu des sensations dont déborde tout mon être ?

« Et qu’Allah me fasse patienter sur mon mal, comme le malade supporte le cautère, en vue de la guérison ! »

Et, ayant cacheté la lettre, il la remit à l’eunuque de service, dont le premier soin fut de la donner en mains propres au grand-chambellan. Aussi à la lecture de cette déclaration, le grand-chambellan écuma et tempêta et jura qu’il allait châtier le jeune insolent. Mais bientôt il songea qu’il valait mieux, pour ne point ébruiter l’affaire, n’en parler seulement qu’à son épouse Nôzhatou. Il alla donc trouver Nôzhatou dans son appartement et, après avoir congédié la jeune Force-du-Destin, en lui disant d’aller respirer l’air dans le jardin, il dit à son épouse…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.