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histoire du roi omar… (kanmakân)
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Quant à vous, palmiers qui secouez sous la brise les grappes pendantes de vos cheveux, voici sa chevelure !

Telle était la jeune princesse Force-du-Destin, fille de Nôzhatou. Mais, pour ce qui est de son cousin le jeune Kanmakân, c’était encore bien autre chose. Les exercices et la chasse, l’équitation et les joutes à la lance et au javelot, le tir à l’arc et les courses de chevaux avaient assoupli son corps et aguerri son âme ; et il était devenu le plus beau cavalier des pays musulmans, et le plus courageux d’entre les guerriers des villes et des tribus. Et, avec tout cela, son teint était resté aussi frais que celui d’une vierge, et sa figure plus jolie à voir que les roses et les narcisses ; comme dit le poète à son sujet :

À peine circoncis, la soie légère amoureusement duveta la douceur de son menton, pour, avec l’âge, ombrager ses joues d’un velours noir au tissu très serré.

Aux yeux réjouis de ceux qui le regardaient, il était tel le faon qui esquisse une danse derrière les pas de sa mère.

Aux âmes attentives qui le suivaient, ses joues s’offraient dispensatrices de l’ivresse, ses joues où tendrement circulait la rougeur d’un sang aussi délicat que le miel naturel de sa salive.

Mais moi, qui consacrais ma vie à l’adoration de ses charmes, ce qui me ravissait l’âme, c’était surtout la couleur verte de son caleçon.