Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
les mille nuits et une nuit

Or, avant de mourir, mon oncle avait fait promettre à mon père et à ma mère de nous marier ensemble à notre majorité.

Aussi nous laissa-t-on toujours ensemble ; et nous nous attachâmes de la sorte l’un à l’autre ; et la nuit on nous faisait coucher dans le même lit, sans nous séparer. D’ailleurs nous ne nous doutions guère des inconvénients que cela pouvait avoir, bien que, toutefois, ma cousine fût, sur ces questions, beaucoup plus clairvoyante que moi et plus instruite et plus expérimentée ; ce dont je jugeai plus tard, en réfléchissant à la façon dont elle m’enlaçait de ses bras et dont elle serrait les cuisses en s’endormant contre moi.

Sur ces entrefaites, comme nous venions d’atteindre l’âge voulu, mon père dit à ma mère : « Il nous faut, cette année, marier sans retard notre fils Aziz avec sa cousine Aziza. » Et il tomba d’accord avec elle sur le jour de l’écriture du contrat, et se mit aussitôt à faire les préparatifs des festins pour la cérémonie ; et il alla inviter les parents et les amis, leur disant : « Ce vendredi, après la prière, nous allons écrire le contrat du mariage d’Aziz avec Aziza. » Et ma mère, de son côté, alla prévenir de la chose toutes les femmes de sa connaissance et toutes ses proches. Et, pour bien recevoir les invités, ma mère et les femmes de la maison lavèrent à grande eau la salle de réception et firent étinceler les marbres qui la pavaient, et étendirent les tapis par terre et ornèrent les murs des belles étoffes et des tapisseries ouvrées d’or contenues dans les grands coffres. Quant à mon père, il se chargea, lui,