Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 4, trad Mardrus, 1900.djvu/139

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du roi omar al néma …
133

Alors le roi Daoul’makân reçut la jeune Force-du-Destin avec des transports de joie et la remit aux mains de sa mère Nôzhatou et de l’époux de Nôzhatou, le grand-chambellan. Et il lui fit donner les mêmes maîtres qu’à Kanmakân ; et ces deux enfants devinrent ainsi inséparables et furent pris l’un pour l’autre d’une affection qui ne fit qu’augmenter avec l’âge. Et cet état de choses dura de la sorte l’espace de huit ans, pendant lesquels le roi Daoul’makân ne perdait pas de vue les armements et les préparatifs pour la guerre contre les Roum mécréants.

Mais, à la suite de toutes les fatigues et peines endurées pendent sa jeunesse perdue, le roi Daoul’makàn baissait tous les jours en forces et en santé. Et, son état ne faisant qu’empirer sensiblement, il fit appeler un jour le vizir Dandân et lui dit : « Ô mon vizir, je te fais venir pour te soumettre un projet que je désire réaliser. Réponds-moi donc en toute droiture ! » Le vizir dit : « Quoi donc, ô roi du temps ? » Il dit : « J’ai résolu d’abdiquer le pouvoir, de mon vivant, et de mettre à ma place, sur le trône, mon fils Kanmakân, et de me réjouir ainsi de le voir régner avec gloire, avant ma mort ! Qu’en penses-tu ? dis-le moi, ô mon vizir à l’âme saturée de sagesse ! »

À ces paroles, le vizir Dandân baisa la terre entre les mains du roi, et, la voix très émue, il lui dit : « Le projet que tu me soumets, ô roi fortuné, ô doué de prudence et d’équité, n’est point réalisable ni opportun, — pour deux motifs : le premier est que ton fils, le prince Kanmakân, est encore très jeune ; et le second est que c’est une chose certaine que le