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histoire du roi omar al néma …
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quitte à revenir ici, plus tard, pour ne laisser de cette ville mécréante que juste de quoi faire nicher les corbeaux et les vautours ! » Et le roi dit : « En vérité, ô mon vizir, tu as répondu selon mes vues ! » Et aussitôt il fit annoncer à tout le camp, par les crieurs publics, que dans trois jours devait avoir lieu le départ.

Et, en effet, le troisième jour, bannières au vent et trompettes sonnantes, l’armée leva le campement et reprit le chemin de Baghdad. Et après des jours et des nuits elle arriva dans la Ville-de-Paix, où elle fut reçue avec de grands transports de joie par tous les habitants.

Mais pour ce qui est du roi Daoul’makân, la première chose qu’il fit fut d’aller voir et d’embrasser son fils Kanmakân qui venait d’atteindre sa septième année d’âge ; et la seconde chose qu’il fit fut d’appeler à lui son ancien ami, le vieux chauffeur du hammam. Et lorsqu’il le vit, il se leva du trône en son honneur, et l’embrassa et le fit s’asseoir à ses côtés, et le loua énormément devant tous ses émirs et tous les assistants. Or, pendant tout cet espace de temps, le chauffeur du hammam était devenu méconnaissable, à force de manger, de boire et de se reposer ; il avait grossi à la limite de l’embonpoint ; son cou était devenu comme le cou d’un éléphant, son ventre comme le ventre d’une baleine, et sa figure aussi luisante qu’un pain arrondi sortant du four.

Donc il avait commencé par se défendre d’accepter l’invitation que lui faisait le roi de s’asseoir à côté de lui, et lui avait dit : « Ô mon maître, qu’Allah