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histoire du roi omar … (donia, diadème)
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fraîcheur. Elles ne sont vraiment qu’une gène pour toi. » Donia dit : « Tu dis vrai, ô nourrice ! » Et elle renvoya aussitôt, d’un signe, ses suivantes. Et c’est ainsi que, toute seule, suivie de la vieille seulement, la princesse Donia s’avança du côté du massif où se trouvait Diadème, invisible.

Et Diadème vit la princesse Donia ; et d’un regard il put juger de sa beauté et il en fut tellement saisi qu’il s’évanouit sur place. Et Donia continua son chemin et s’avança du côté de la salle où le vizir avait fait peindre la scène de l’oiseleur ; et, sur l’injonction de Doudou, elle y pénétra, pour la première fois de sa vie : car jamais auparavant elle n’avait eu la curiosité de visiter ce local réservé aux gens de service du palais.

À la vue de cette peinture, Sett-Donia fut à la limite de la perplexité et s’écria : « Ô Doudou, regarde ! c’est mon rêve d’autrefois, mais tout à rebours ! Seigneur ! Ya rabbi ! comme mon âme est émue ! » Et comprimant son cœur, elle s’assit sur le tapis et dit : « Ô Doudou, me serais-je donc trompée ? Et Éblis le Malin se serait-il ri simplement de ma crédulité aux songes ? » Et la nourrice dit : « Ma pauvre enfant, ma vieille expérience t’avait cependant bien prévenue de ton erreur ! Mais sortons nous promener encore, maintenant que le soleil descend et que la fraîcheur est plus douce dans l’air aromatique. » Et elles sortirent au jardin.

Or, Diadème était revenu de son évanouissement et, comme le lui avait recommandé Doudou, s’était mis à se promener lentement, d’un air indifférent, comme attentif seulement à la beauté du paysage.