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les mille nuits et une nuit

vizir dit : « Prends alors ces cent dinars pour ta peine, et va chercher les maçons, et aussi un peintre qui soit fort versé dans la délicatesse du coloris. »

Alors le gardien se hâta d’aller chercher les maçons et le peintre, auxquels le vizir donna les instructions nécessaires. En effet, une fois la grande salle du rez-de-chaussée bien réparée et bien blanchie, le peintre se mit au travail et, suivant les ordres du vizir, il peignit une forêt et, au cœur de la forêt, des filets tendus où un pigeon était pris et battait des ailes. Et lorsqu’il eut fini, le vizir lui dit : « Peins maintenant de l’autre côté la même chose, mais en figurant un pigeon mâle qui vient délivrer sa compagne et qui alors est capturé par l’oiseleur et sacrifié, victime de son dévouement. » Et le peintre exécuta le dessin en question ; puis, largement, rétribué, il s’en alla.

Alors le vizir et les deux jeunes gens et le gardien s’assirent un instant pour bien juger de l’effet et du ton. Et Diadème, malgré tout, était triste ; et il regardait cela, tout songeur ; puis il dit à Aziz : « Mon frère, dis-moi encore quelques vers pour faire diversion aux tortures de mes pensées. » Et Aziz dit :

« Ibn-Sina, dans ses écrits sur la médecine, prescrit ceci comme remède suprême :

La souffrance d’amour n’a d’autre remède que le chant bien rythmé et la coupe légère dans les jardins !

J’ai suivi les paroles d’Ibn-Sina, mais sans résultat, hélas ! Alors, pour essayer, je courus à d’autres amours, et je vis le Destin me sourire et me dispenser la guérison.