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les mille nuits et une nuit

« Sois tranquille, mon fils, je suis loin de renoncer à la réussite. Car il ne sera jamais dit que j’aie été, une fois dans ma vie, impuissante à unir les amoureux ! Et la difficulté ici m’incite encore davantage à user de toute ma rouerie pour te faire parvenir au but de tes désirs ! » Alors Diadème demanda : « Mais dismoi enfin, ô notre mère, quelle est donc la cause qui a poussé Sett-Donia à prendre ainsi tous les hommes en horreur ? » La vieille dit : « C’est un songe qu’elle a eu ! » Il s’écria : « Un songe, pas plus ? » Elle dit : « Simplement ! Le voici :

« Une nuit que la princesse Donia était endormie, elle vit en rêve un oiseleur qui tendait des filets dans une clairière, et qui, après avoir semé des grains de blé tout autour, sur le sol, s’éloigna et se tint à l’affût à attendre la chance.

« Or, bientôt, de tous les points de la forêt accoururent les oiseaux et s’abattirent sur les filets. Et, parmi tous ces oiseaux qui becquetaient les grains de blé, il y avait deux pigeons, le mâle et la femelle. Et le mâle tout en becquetant, faisait de temps en temps la roue autour de son épouse, sans prendre garde aux lacs qui le guettaient : aussi, dans un de ces mouvements, sa patte fut prise dans les mailles, qui se rétrécirent et s’embrouillèrent et le firent prisonnier. Et les oiseaux, effrayés de ses coups d’aile, s’envolèrent tous avec bruit.

« Mais la femelle laissa là éparse la nourriture et, courageusement, n’eût d’autre souci que de délivrer son époux. Et du bec et de la tête elle travailla si bien qu’elle lacéra le filet et finit par délivrer son