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histoire du roi omar … (donia, diadème)
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égard ! » Et la princesse Donia dénoua les tresses blanches de sa nourrice et se disposa à les peigner ; et le billet aussitôt glissa sur le tapis.

Alors Sett-Donia, surprise, voulut le ramasser, mais la vieille s’écria : « Ma fille, rends-moi ce papier ! Il a dû se prendre dans mes cheveux chez le jeune marchand. Je vais courir le lui rendre ! » Mais Donia se hâta de l’ouvrir et d’en lire le contenu ; et elle fronça les sourcils et s’écria : « Ah ! Doudou scélérate, c’est là une de tes ruses ! Mais qui m’a envoyé ce marchand calamiteux et effronté, et de quelle terre ose-t-il ainsi venir jusqu’à moi ? Et comment, moi, Donia, me résoudre à regarder cet homme qui n’est ni de ma race ni de mon sang ? Ah ! Doudou, ne t’avais-je pas dit que cet insolent allait s’enhardir ? » La vieille dit : « En vérité, c’est un vrai Cheitân ! Et son audace est une audace d’enfer ! Mais, ô ma fille et ma maîtresse, écris-lui pour la dernière fois, et je me porte garante de sa soumission à tes volontés ! Sinon, qu’il soit sacrifié, et moi avec lui ! » Aussitôt la princesse Donia prit le calam et rangea ces paroles rythmiquement :

« Insensé qui sommeilles, quand le malheur et le danger sont planants dans l’air que tu respires,

« Ignores-tu qu’il est des fleuves dont il est défendu de remonter le cours, et des solitudes interdites que nul pied humain ne foulera jamais ?…

« Et penses-tu toucher aux étoiles de l’infini, quand tous les hommes unis ne peuvent de la main atteindre aux premiers astres de la nuit ?…

« Alors !… oseras-tu encore en tes rêves, caresser