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les mille nuits et une nuit

Lorsque la princesse Donia eut pris connaissance du contenu, elle s’écria : « Oh ! l’effronté marchand ! Comment ose-t-il lever les yeux jusqu’à moi ? » Et de rage elle se frappa les joues de ses mains et dit : « Je devrais le faire pendre à la porte de sa boutique, ce misérable ! » Alors la vieille, d’un air innocent, demanda : « Qu’y a-t-il donc de si effroyable dans cette lettre ? Le marchand réclamerait-il par hasard un prix exorbitant pour la robe en question ? » Elle dit : « Malheur ! il ne s’agit là que d’amour et de passion ! » La vieille répliqua : « C’est de l’audace, vraiment ; aussi devrais-tu, ô maîtresse, répondre à cet insolent pour le menacer, s’il continue ! » Elle dit : « Oui ! mais j’ai peur que cela ne contribue à l’enhardir encore ! » La vieille répondit : « Que non ! cela le fera rentrer en lui-même ! » Alors Sett-Donia dit : « Donne-moi mon écritoire et mon calam ! » Et elle écrivit ceci en construction de vers :

« Aveugle qui t’illusionnes, tu demandes à parvenir à l’astre, comme si jamais mortel a pu attendre à l’astre des nuits !

« Or, moi, pour t’ouvrir les yeux, je jure, par la vérité de Celui qui t’a formé d’un ver de terre et a créé de l’infini la virginité des astres immaculés,

« Que si tu oses répéter ton acte effronté, on te crucifiera sur une planche coupée dans le tronc de quelque arbre maudit. Et tu serviras d’exemple à tous les insolents ! »

Puis, ayant cacheté la lettre, elle la remit à la vieille ; celle-ci courut aussitôt la porter à Diadème, qui brû-