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les mille nuits et une nuit

fumée te noircit la raison ? Ah ! tais-toi ! Et donne-moi cette robe, que je la touche et que je la voie de plus près ». Et elle prit l’étoffe et se mit à la caresser et à la draper sur sa taille en se tournant vers sa nourrice qui lui dit : « Maîtresse, tu es belle ainsi, mais comme un couple de beauté est préférable à l’unité ! Ô Diadème… ! » Mais Sett-Donia s’écria : « Ah ! possédée Doudou, perfide Doudou ! ne dis plus rien. Mais va chez ce marchand et demande-lui s’il a un souhait à formuler ou un service à demander ; et aussitôt le roi mon père lui donnera satisfaction ! » La vieille se mit à rire et dit, en clignant de l’œil : « Un souhait ? par Allah ! je crois bien ! Qui n’a pas de souhait ? » Et elle se leva en toute hâte et courut à la boutique de Diadème.

En la voyant arriver, Diadème sentit son cœur s’envoler de joie, et il lui prit la main et la fit s’asseoir à côté de lui, et lui fit servir des sorbets et des confitures. Alors la vieille lui dit : « Je t’annonce la bonne nouvelle ! Ma maîtresse Donia te salue et te dit : « Tu as honoré notre ville de ta venue et tu l’as illuminée. Et si tu as un souhait à faire, formule-le ! »

À ces paroles Diadème se réjouit à la limite de la réjouissance, et sa poitrine se dilata d’aise et d’épanouissement et il pensa en son âme : « L’affaire est faite ! » Et il dit à la vieille : « Je n’ai qu’un vœu : que tu fasses parvenir à Sett-Donia une lettre que je vais lui écrire et m’en apportes la réponse ! » Elle répondit : « J’écoute et j’obéis ! » Alors Diadème cria à Aziz : « Donne-moi l’écritoire de cuivre, le papier et le calam ! » Et, Aziz les lui ayant apportés, il écrivit cette lettre en vers cadencés :