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histoire du roi omar … (donia, diadème)
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un marchand peut-il s’appeler Couronne-des-rois ? »

À ces paroles, Aziz, qui jusque-là n’avait dit mot, intervint à propos pour tirer son ami d’embarras. Il répondit à la vieille : » Il est le fils unique de ses parents qui l’aiment tant, qu’ils ont voulu lui donner un nom comme on en donne aux fils de rois ! » Elle dit : « Certes ! si la Beauté devait élire un roi, c’est Diadème qu’elle choisirait ! Eh bien ! ô Diadème, sache que la vieille désormais est ton esclave ! Et Allah est garant de sa dévotion à ta personne ! Bientôt tu te ressentiras de ce qu’elle va faire pour toi. Et qu’Allah te protège et te garde du mauvais sort et de l’œil des curieux ! » Puis elle prit le précieux paquet et s’en alla.

Et elle arriva, encore tout émue chez Sett-Donia qu’elle avait allaitée, enfant, et à qui elle tenait lieu de mère. Et, en entrant, elle tenait le paquet sous le bras, gravement. Alors Donia lui demanda : « Ô nourrice, que m’apportes-tu encore ? Fais voir ! » Elle dit : « Ô ma maîtresse Donia, prends et regarde ! » Et elle déroula soudain l’étoffe. Alors Donia toute heureuse et les yeux en joie s’écria : « Ma bonne Doudou, oh ! la belle robe ! Ce n’est point là une étoffe de nos pays ! » La vieille dit : « Certes, elle est belle ! Mais que dirais-tu alors si tu voyais le jeune marchand qui me l’a donnée pour toi ? Allah ! qu’il est beau ! C’est le portier Radouân qui a oublié de fermer les portes d’Éden pour ainsi le laisser descendre réjouir le foie des créatures ! Ô maîtresse, combien souhaiterais-je voir cet adolescent radieux s’endormir sur tes seins et… » Mais Donia s’écria : « Ô nourrice, assez ! Comment oses-tu me parler d’un homme, et quelle