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les mille nuits et une nuit

de tout ce paquet se dégageait un parfum qui exaltait l’âme. Aziz l’apporta à Diadème qui le défit et en tira l’unique étoffe qui s’y trouvait et qui avait été sertie pour ne faire qu’une seule robe destinée à quelque houri ou à quelque princesse merveilleuse. Quant à la décrire, ou à énumérer les pierreries dont elle était enrichie ou les broderies sous lesquelles la trame disparaissait, les poètes seuls, inspirés d’Allah, pourraient le faire, en vers cadencés. Pour le moins, elle devait valoir, sans l’enveloppe, cent mille dinars d’or.

Alors Diadème déroula lentement l’étoffe devant la vieille qui ne savait plus que regarder de préférence, — la beauté de la robe ou la figure adorable aux yeux noirs de l’adolescent. Et à regarder ainsi les jeunes charmes du marchand, elle sentait sa vieille chair se réchauffer et ses cuisses se serrer avec fièvre ; et elle avait une envie considérable de se gratter là où çà la démangeait.

Donc, lorsqu’elle put parler, elle dit à Diadème en le regardant avec des yeux humides de passion : « L’étoffe convient. Combien dois-je te la payer ? » Il répondit en s’inclinant : « Je suis payé plus que mon dû par le bonheur de t’avoir connue ! » Alors la vieille s’écria : « Ô adorable garçon, heureuse la femme qui peut s’étendre dans ton giron et t’enlacer la taille de ses bras ! Mais où sont les femmes qui peuvent te mériter ! Pour ma part, je n’en connais qu’une seule sur la terre ! Dis-moi, ô jeune faon, quel est ton nom ? » Il répondit : « Je m’appelle Diadème ! » Alors la vieille dit : « Mais c’est là un nom qui n’est donné qu’aux fils de rois ! Comment